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Article #219 : Séjour en Afghanistan

L’Afghanistan n’est pas un pays comme les autres. Si la ville de Kaboul se trouvait sur le circuit touristique des hippies dans les années 70, les temps ont bien changé depuis. Trois décennies de guerres successives ont ruiné ce pays qui est aujourd’hui le plus pauvre d’Asie, le moins éduqué (plus de 50% de la population masculine et plus de 80% de la population féminine est analphabète) mais surtout le plus dangereux. Le nombre de touristes aujourd’hui se rendant dans ce pays est quasiment inexistant.

Après une longue guerre de 10 ans contre l’envahisseur soviétique, puis une guerre civile encore plus destructrice, les talibans s’étaient petit à petit emparés du pouvoir jusqu’à l’obtenir complètement à partir de 1996 (prise de Kaboul). Profitant d’un pays en ruine à tous les niveaux (infrastructure, économie, moral), ces hommes sortis souvent des madrasas (école coranique) ont fait régner pendant 5 années un régime de terreur basé sur l’application de la charia, la loi Islamique, mais adaptée à leur manière. Les femmes, réduites à l’état d’objet reproducteur, se voyaient alors interdites d’éducation, de travail, n’avaient pas le droit de sortir non accompagnées, se devaient être couvertes d’une burka, etc. Les enfants, grands amateurs de cerf-volant, passe-temps favoris des Afghans, se voyaient interdits d’exercer leur activité préférée. Les hommes, quant à eux, avaient l’obligation de porter la barbe, ne pouvaient écouter de musique et n’avaient pas le droit de regarder la télévision, un objet décadent selon les talibans. Des règles très strictes avec l’objectif de rétablir la sécurité et la justice disaient-ils.

Après les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, une coalition internationale emmenée par l’armée Américaine a envahi le pays pour le libérer des talibans et lutter contre la nébuleuse terroriste d’Al Qaïda, menée par un certain Oussama Ben Laden (objectifs avoués, il y en a certainement d’autres que je ne développerai pas dans cette brève).

Six ans après cette intervention militaire, me voilà aujourd’hui à Kaboul, capitale du pays. Comme vous avez pu le lire dans ma précédente brève retraçant mon voyage de Peshawar à Kaboul, il me faut être particulièrement vigilant dans ce pays du fait que la situation ici ne s’améliore toujours pas.

Mes différentes discussions avec les locaux m’ont donné l’impression que l’intervention de la coalition internationale avait donné un élan d’espoir au pays. « En 2001, la majorité des gens ici ont bien accueilli l’arrivée des troupes. Vivre sous l’oppression des talibans était bien difficile et les locaux se sont mis à croire en des jours meilleurs » me dit Mustafa, un jeune Afghan parlant parfaitement l’Anglais. Six ans plus tard, malheureusement la situation ne prête guère à l’optimisme. Certes, les femmes peuvent aujourd’hui retourner à l’école, la construction d’infrastructures prend du temps mais voit le jour petit à petit et les jeunes Afghans peuvent de nouveau jouer au cerf-volant. Cependant, les talibans n’ont pas disparu et l’image de la coalition internationale est de plus en plus mauvaise au sein de la population locale : « les militaires se comportent davantage en force d’occupation qu’en force de protection » me dira Naim, le dentiste m’ayant pris en stop entre Peshawar et Kaboul. « Ils ont une attitude arrogante et ne respectent absolument pas notre culture » rajoutera t-il.

La vision de Naim, je l’ai entendue un certain nombre de fois depuis que je suis arrivé à Kaboul. Cependant, à ce genre de réflexions s’en suivait souvent un soupire et une phrase du style « mais s’ils s’en vont, notre gouvernement perdra tout contrôle de la situation et l’anarchie reprendra rapidement le dessus, notre pays est bien mal en point ».

Voyager dans ce pays « bien mal en point » constitue donc un défi de taille. Si les expatriés travaillant souvent dans des ONG internationales sont nombreux dans la capitale Afghane, nombreux d’entre eux ont l’interdiction de sortir de la ville sans autorisation. « Hamid Karzai, le supposé président de l’Afghanistan, devrait être appelé maire de Kaboul, c’est le seul endroit où il contrôle vraiment la situation » me dit Karim, un expatrié sceptique de l’efficacité de la présence de la coalition internationale dans ce pays.

Pour ma part, je vais éviter tout séjour dans la province très risquée d’Helmand et ne quitterai pas la route sud-nord qui est à peu près sûre. Si l’aventure et la montée d’adrénaline sont des choses qui me plaisent en général, je ne souhaite pas provoquer l’enlèvement dans ce pays, une situation qui mettrait tout le monde dans l’embarras du gouvernement Français (qui devrait payer une rançon) à ma famille, en passant par moi-même bien sûr, le gouvernement Afghan (qui se verrait peut-être obligé de relâcher des talibans détenus) et la population Afghane car l’argent donné pour la rançon serait utilisée pour acheter des armes et par conséquent pour créer davantage d’instabilité dans le pays. Non, se faire kidnapper n’est vraiment pas une bonne idée.

Durant mon séjour à Kaboul, j’ai côtoyé un certain nombre de ces expatriés travaillant dans diverses ONG. Le travail ne manque pas dans ces organisations mais les conditions de sécurité rendent parfois leur travail en dehors de la capitale peu évident. « Le pays se reconstruit petit à petit et je crois en des jours meilleurs. Les ONG font tout de même un excellent travail » me dira Frédéric, un jeune employé plus optimiste que la moyenne. Espérons que Fréderic dise vrai et que l’Afghanistan vive des jours meilleurs.

Ci-dessous, je vous propose quelques photos prises ces derniers jours en Afghanistan.

La burka. Porter la burka n’est en théorie plus obligatoire. Cependant, une grande majorité des femmes continuent de la porter par sécurité, par habitude ou plus souvent, par obligation du mari. Afin de me rendre compte de la vie sous une burka, j’en ai essayé une et croyez-moi, il fait bien chaud et sombre là-dessous…Quelques photos prises discrètement ci-dessous. Il n’est en général pas recommandé de prendre des photos de femmes en Afghanistan.

Armée. Si mes sources sont correctes, il y a aujourd’hui quelques 27.000 soldats Américains et 20.000 soldats de la coalition Internationale (France, Italie, Espagne, Canada…) en Afghanistan. Lorsqu’on se balade dans les rues de Kaboul ou ailleurs dans le pays, il est très fréquent de rencontrer des chars faisant des patrouilles. Ci-dessous, quelques photos de ces chars.

Points de contrôle. Compte tenu de la sécurité dans le pays, de nombreux endroits sont très protégés et de nombreux points de contrôle sont installés. Le domaine de la sécurité est un des premiers employeurs en Afghanistan.

Photo ci-dessous à l’entrée d’une ambassade :

Photo ci-dessous d’un point de contrôle dans la vallée du Panshir :

Photo ci-dessous de policiers s’assurant de la sécurité.

Durant mon séjour à Kaboul, j’ai eu l’occasion de voir, restant dans une voiture, la ville une fois la nuit tombée. « Kaboul by night » est très impressionnant. Très peu de lumière et quasiment personne dans les rues (aucune femme) donne un aspect glauque à cette ville dont de nombreux bâtiments sous toujours détruits. Mieux vaut ne pas s’aventurer seul dans les coins trop sombres. A chaque coin de rue importante, 4-5 soldats se tiennent prêts à intervenir l’arme à la main et contrôlent les papiers des personnes sortant de leurs domiciles. Un spectacle montrant que sortir le soir n’est certainement pas une très bonne idée…

Ci-dessous, une photo d’un décor fréquent à Kaboul, des bâtiments complètement détruits, résultante de la terrible guerre civile au début des années 90.

Ou des bâtiments avec de nombreuses traces de balle.

Ces images pourraient décourager un étranger de sortir seul dans la rue. Cependant, cela ne doit pas être le cas. Si le risque de rencontrer un fondamentaliste prêt à se faire exploser existe, ce risque reste bien minime. Durant mon séjour, je me suis baladé à de nombreuses reprises dans les rues de Kaboul côtoyant les locaux et ceux-ci furent très accueillants. « Hello, welcome to Afghanistan, how are you sir ? » furent des mots régulièrement entendus. Très fréquemment, ces hommes étaient curieux et cherchaient à me connaître et à savoir d’où je venais. Bien entendu, le problème de la langue existe (très peux savent parler Anglais) et la communication n’est pas toujours évidente mais mon expérience personnelle avec la population locale a été très positive pendant mon séjour Afghan, je tiens à le souligner. Je trouve par ailleurs important que les locaux aient une autre image que celle de soldats quand ils pensent “occidentaux“. Chaque interaction positive est importante. Lorsque je me baladais dans le marché, il était cependant important de toujours garder les yeux ouverts, le risque de rencontrer un illuminé prêt à se faire exploser aux côtés d’un infidèle reste malheureusement existant. Quelques photos ci-dessous de locaux très sympathiques.

Photo ci-dessous d’un homme fumant la chicha, une importante tradition dans cette partie du monde.

Départ dans quelques jours pour la ville de Kunduz, au nord, avant de rejoindre le Tadjikistan.

A bientôt

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