Dans le cadre de la préparation à la diagonale de l’engagement, une grande marche de 1300 kms que je ferai en octobre-novembre 2024 de la pointe de Corsen à Eze, j’avais d’abord souhaité faire une marche allant de l’Atlantique au Pacifique au Panama, c’est à dire de la ville de Colon à Panama city.
Pour ce faire, il y a plusieurs solutions :
- Suivre les rails du train : C’est interdit et pas prudent.
- Suivre l’autoroute : Ce n’est pas agréable et sans doute interdit
- Suivre la transsismica, la « petite route ». C’est celle que prennent les camions. Elle n’est pas agréable et peut être dangereuse.
- Faire le chemin des croix, le camino de las cruces.
C’est en faisant les recherches sur les façons possibles de rejoindre Panama city depuis Colon que je tombe sur ce chemin alors que je n’en avais jamais entendu parler et que je viens au Panama quasiment tous les ans depuis 15 ans.
Ce chemin n’est pas anodin. C’est celui qu’a arpenté les espagnols au début du 16eme siècle lorsqu’ils ont ouvert à la voie vers le Pacifique, menés par le fameux Balboa ayant donné son nom à la monnaie locale (1 balboa = 1 US dollar). Ce chemin fut aussi emprunté par de nombreux pirates cherchant à voler ce que volaient les espagnols aux amérindiens
N’y allons pas par 4 chemins : ce chemin devrait être aussi, voire plus, connu que le « camino de los incas » au Pérou. Mais les péruviens sont meilleurs que les panaméens au niveau touristique.
Car ce sentier, aussi intéressant soit-il, est très mal entretenu par les panaméens. Sentant que celui-ci pourrait devenir une belle activité génératrice de revenus pour le pays, USAID, la coopération américaine avait même financé sa réhabilitation il y a quelques années avec la mise en place de pancartes. Celles-ci sont malheureusement souvent illisibles voire cassées du fait d’un manque d’entretien.
Avant de me lancer sur ce chemin, je me suis rendu dans le petit bureau présentant ce chemin (en face de Marca Panama). On y trouve une carte approximative (sur laquelle un toucan était présent).
J’y rencontre Yakeline, la directrice du PNCC (Parque Nacional camino de las cruces) qui m’explique les zones où il est possible de marcher et celles où il vaut mieux éviter car la forêt a repris ses droits.
Suite à ses recommandations, je décide de ne faire qu’une partie débutant au niveau du canon (sur la route Omar Torrijos – Gaillard) pour rejoindre ensuite le « camino de plantacion » où il me faudra tourner à gauche pour rejoindre la route. D’abord 4,5 kms sur le camino de cruces puis 7 kms sur le deuxième. La première partie étant bien plus compliquée que la deuxième.
Car oui, il faut être bien concentré pour ne pas se perdre sur la première partie. Les signalisations peuvent être défaillantes et il faut donc rester alerte. Rien d’infaisable mais il y a quelques endroits où on peut hésiter entre 2 chemins. Il serait dommage de se perdre !
Côte animaux, pas de véritable danger. Je n’ai vu aucun serpent et il est aisé en général de voir où on met les pieds. Seuls les moustiques et parfois les toiles d’araignées sont parfois embêtants.
Marcher sur le camino de cruces, c’est marcher sur l’histoire. A de nombreuses reprises, vous retrouverez les pierres installées par les espagnols il y a plus de 500 ans.
C’était l’autoroute de l’époque et s’imaginer le passage à dos d’âne des richesses des espagnols ou pirates donne des frissons. Difficile aussi de ne pas penser à toutes les victimes de cette colonisation avec une population amérindienne décimée à 90% du fait des maladies et tueries en tous genres. Une arrivée qui changea la face du monde…
J’ai beaucoup aimé cette marche même si je regrette que le chemin soit si peu entretenu par les panaméens. J’imagine dans le futur une bonne signalisation, d’éventuelles auberges et points de ravitaillement de Colon/Portobelo à Panama. Il faut rêver !
Je recommande à tout le monde de le faire mais restez bien concentrés pour éviter de vous perdre.
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