El Salvador

San Salvador, 20 ans plus tard

Il y a 20 ans, en 2004, je suis venu à San Salvador dans le cadre de mon tour du monde en stop. 

 

A l’époque, ce pays était considéré comme l’un des plus dangereux au monde. Dans un article que j’avais écrit sur le phénomène des maras (gangs), j’expliquais que les 6-7 premières pages des journaux traitaient des meurtres du jour, une vingtaine en moyenne par jour. J’avais également écrit un autre article « Un matin à El Salvador » où je décrivais une ville sale et peu attrayante. Rien de bien folichon.

 

Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis, notamment depuis 2019 et l’arrivée au pouvoir d’un certain M. Bukele, dont beaucoup parlent en Amérique latine.

 

En 2 ans à peine, il a réalisé un grand nettoyage. Chaque jour, des centaines, parfois des milliers de « mareros » ont été chassés des quartiers qu’ils contrôlaient puis envoyés dans des prisons bondées et ultra sécurisées. 

 

À titre d’exemple, les « barrios » (quartiers) de Campanera ou Ivu où fut filmé le célèbre documentaire « la vida loca » dont le réalisateur fut assassiné sont aujourd’hui pacifiées et on peut s’y rendre à toute heure du jour et de la nuit. Idem pour Apopa, las canñas, Popotlan ou Mejicanos.

 

« Avant, il m’aurait été impossible de vous amener ici » me dit mon chauffeur UBER. «  Je n’en serais pas sorti vivant et vous probablement pas non plus. Aujourd’hui, je peux sans problème ».

Le ton est résolument à l’optimisme à San Salvador même si tout est loin d’être parfait et si, celui qui se considère comme « le dictateur le plus cool du monde » ne fait pas l’unanimité malgré ses excellents résultats en terme de sécurité que tout le monde applaudi.

 

« On a gagné en sécurité mais on perd en liberté » me dit David, une connaissance. « Il ne faudrait pas qu’il se transforme en vrai dictateur, nous avons déjà connu cela » ajoute-t-il.

 

« Nous avons plusieurs dizaines de milliers de délinquants dans nos prisons. Que vont-ils devenir ? Auront-ils un jugement ? Et que va-t-il advenir des nombreux innocents emprisonnés qui étaient au mauvais moment au mauvais endroit ? » se demande un autre chauffeur…

 

Malgré quelques réserves de certains, Bukele fut réélu à plus de 80% et son soutien par la population semble bien réel tant les Salvadoriens se réjouissent à présent de pouvoir se déplacer sans la peur au ventre. Il est devenu une icône, un exemple pour beaucoup de latinos, adeptes de la « Mano dura » et de la « tolerancia zero » contre les délinquants. Dans les rues, de nombreux militaires patrouillent…

 

Au-delà de la sécurité, un gros travail est en cours dans la réfection notamment du centre historique. Je suis surpris de voir une ville devenant peu à peu attrayante et m’amuse à regarder les enfants, insouciants, jouer avec les fontaines et les pigeons devant le palais national.

 

Je profite aussi de mon séjour pour voir où en est l’utilisation du bitcoin, le Salvador étant l’un des rares pays l’ayant érigé en tant que monnaie officielle, en plus du dollar. La réalité est que je n’ai vu aucun endroit l’acceptant et on m’a expliqué qu’il est très peu utilisé. 

 

« Il faut avoir confiance dans une monnaie et les gens n’ont de confiance que dans le dollar », la monnaie officielle du pays, me dit un rotarien que je rencontre lors d’une réunion à laquelle j’assiste.

 

Le Salvador va donc mieux, mais pas encore bien. Il dépend encore trop des « remesas » (argent envoyé par les expatriés vivant principalement aux Etats-Unis) mais de plus en plus d’expatriés reviennent investir au pays maintenant qu’il y a de la sécurité, ce qui fait monter les prix de l’immobilier et génère de l’inflation.

 

La corruption reste semble-t-il élevé malgré une lutte de ce côté. 

 

Le pays cicatrise aujourd’hui ses nombreuses plaies de nombreuses années de conflits. Les enfants abandonnés, violentés ou orphelins sont nombreux.

 

Durant mon séjour, j’ai visité 2 associations chez qui nous enverrons des volontaires : l’association Remar et le Poligono Industrial Don Bosco (PIDB), le centre créé par le Padre Moratalla que j’avais visité il y a 20 ans.

 

« Padre Pepe » comme il se fait appeler a changé la vie de milliers de personnes. Des enfants, à qui il permet d’avoir éducation mais aussi de nombreux loisirs dans un cadre encadré. Mais aussi adultes, parfois ex-membres de gangs, à qui il a permis de se construire une nouvelle vie d’entrepreneur, loin des affres de la drogue et des meurtres en série.

 

Retourner voir ces îlots de joie et de paix dans ce monde de bruts fait du bien. Quelques photos ci-dessous de mes visites au PIDB et à Remar.

Bravo à la population de ce pays qui avance peu à peu dans la bonne direction !

Je m’en vais manger une bonne pupusa, la spécialité du pays.

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