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Article #218 : Trajet Peshawar – Kaboul

Traversée du Khyber Pass séparant le Pakistan de l'Afghanistan avec un garde du corps (obligatoire dans les zones tribales)

Dans ma précédente brève (“une décision difficile“), je vous avais expliqué le choix difficile qu’il me fallait faire afin de pouvoir continuer mon tour du monde en stop : Traverser le Baloutchistan ou l’Afghanistan ? Ces 2 destinations n’ayant pas la meilleure réputation, il me fallait préparer cette traversée du mieux possible. Après réflexion, j’ai finalement opté pour la traversée de l’Afghanistan, un pays certes quelque peu volatile mais dont la traversée du sud au nord, en évitant les principales provinces rebelles (notamment Helmand), reste parfaitement jouable sans pour autant prendre de risques démesurés. Etant donné que me retrouver au bord des routes Afghanes le pouce tendu eut été chose quelque peu irresponsable, j’avais décidé de faire pour ce trajet du “stop organisé”, c’est à dire trouver un véhicule allant directement de Peshawar à Kaboul.

Ci-dessous, une carte montrant où se trouve la ville de Peshawar au Pakistan et Kaboul en Afghanistan.

Rejoindre Kaboul depuis Peshawar prend environ 7 heures. Durant ces 7h, il y a environ 2h dans les zones tribales Pakistanaises et 5h sur les routes Afghanes.

Afin de trouver un camion ou une voiture allant d’une ville à l’autre je prends contact avec deux compagnies de transport faisant régulièrement ce trajet, mais la réponse est claire : “Il y a 2 choses que nous refusons de prendre à bord de nos camions : de la drogue et des occidentaux, désolé. Bon courage“. Mon hôte Nadeem me dit alors “Ludo, à ta place, je ne prendrais pas de camion, je n’ai pas confiance. Les chauffeurs pourraient te vendre aux talibans. Tu représentes plusieurs années de salaire pour eux, tu sais. Ne fais pas confiance aux chauffeurs de camions dans cette zone, sauf si tu as un contact solide“. Le kidnapping est devenu depuis quelques années un instrument privilégié des rebelles en tout genre, et notamment des talibans. Contre des otages occidentaux, ces gens peu fréquentables peuvent obtenir de belles sommes d’argent ou la libération de plusieurs autres talibans détenus. N’ayant aucune envie de devenir une monnaie d’échange, j’ai donc poussé mes recherches bien plus loin et j’ai trouvé un dentiste faisant régulièrement l’aller-retour entre Peshawar et Kaboul, prêt à partir dans sa voiture. “Je serais très heureux de faire le voyage avec toi“, me dit Naim, un homme me paraissant digne de toute confiance. “Fais bien en sorte d’avoir fait toutes les démarches nécessaires avant de partir” ajoute-t-il.

Ci-dessous, une photo de Naim.

Et des démarches, il y en a quelques unes. Outre le visa Afghan, un permis spécial est nécessaire afin de pouvoir traverser les zones tribales autrement interdites aux étrangers, et la présence d’un garde du corps armé est également obligatoire.

Une fois mes papiers en ordre et le garde à mes côtés (voir photo ci-dessous), je pouvais donc me lancer en direction des zones tribales. A l’inverse de mon habitude, je n’ai cette fois-ci pas eu besoin de trouver de voiture, me rendant ainsi la tâche bien plus aisée. Je ressens cependant bien sûr une pointe d’inquiétude de voir ma route bloquée par des rebelles mais suis tout de même assez confiant au moment de partir d’arriver à la destination souhaitée sans encombre. Jamais n’ai-je entendu parler de kidnapping sur cette route.

Mon garde Khalid.

Pour la photo, l’auto-stoppeur que je suis avec mon garde du corps.

Après quelques kilomètres dans la ville, le premier point de contrôle se présente à nous. Le garde du corps montre les papiers d’autorisation, les autorités ne posent pas de problème et nous laissent passer. Nous voilà à partir de ce moment dans la zone tribale frontalière avec l’Afghanistan, une zone dans laquelle la loi Pakistanaise ne s’applique plus et ce sont les lois tribales, souvent très strictes et basées sur la Charia (loi Islamique), qui donnent la marche à suivre. Ces zones sont très conservatrices, les femmes ne sortent quasiment jamais de leur domicile et les armes de toutes sortes sont légales et facilement accessibles. Ci-dessous, une photo prise discrètement depuis la voiture d’un marchand d’armes, qui vous donnera une idée de l’apparence de ces magasins.

Sur le chemin, j’aperçois de nombreux camps de réfugiés abandonnés. Plusieurs millions d’Afghans étaient venus s’installer au Pakistan pour fuir la guerre contre les soviétiques puis la guerre civile. Nombreux d’entre eux sont rentrés au pays lors des 5 dernières années et ces anciens camps de réfugiés ne servent aujourd’hui plus à rien.

Mon permis me permettant de me rendre dans la zone tribale stipule qu’il est interdit de prendre des photos des endroits sensibles (c’est à dire les magasins de drogues et armes) et des points de contrôle. Il n’est pas inscrit qu’il est impossible de prendre des photos de femmes mais toutes les personnes rencontrées avant de me lancer m’ont fortement déconseillé de tenter une telle expérience. Les photos sont en général assez mal perçues dans ces zones et mieux vaut donc faire preuve de la plus grande discrétion afin d’éviter d’heurter la sensibilité des locaux.

Ci-dessous, une photo où je me prends pour un Djihadiste devant un village dans la zone tribale.

Photo ci-dessous du “Khyber pass”, ce fameux col disputé pendant de nombreuses années par les envahisseurs successifs. En bas du col, vous pouvez apercevoir la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan.

Alors que nous arrivons tout près de la frontière Afghane, un petit incident vient faire monter quelque peu mon adrénaline. La voiture dans laquelle je me trouve se trouve bloquée par une pierre et la voiture ne peut plus avancer. Le chauffeur tente par plusieurs moyens de faire bouger notre véhicule mais rien à faire, celle-ci reste bloquée. Je me dis alors que s’il y a un endroit sur terre où j’aimerais éviter un tel problème, c’est bien ici. Il me faut alors sortir de la voiture et pousser. Plusieurs autres personnes voient notre voiture bloquée et viennent nous aider. Me voilà alors entouré d’une dizaine de personnes ressemblant à Oussama Ben Laden cherchant à aider. En temps normal, pousser une voiture ne me dérange absolument pas mais pousser une voiture près de la frontière Afghane avec des hommes aux allures de talibans à mes côtés, bien surpris de voir un étranger dans cette région, m’a rendu quelque peu nerveux. La voiture a fini par se débloquer et les sosies de l’homme le plus recherché au monde étant venus aider ont été adorables avec nous. Comme quoi, il faut toujours se méfier des apparences. Ci-dessous, photo de la voiture bloquée.

La frontière se présente alors à nous. Etant tout à fait légal avec tous mes visas dans le passeport, ma sortie du Pakistan et mon entrée en Afghanistan se passent sans le moindre problème. Avec une barbe de plus de 2 mois au visage et vêtu d’un “Shalwar Kameez”, l’habit traditionnel de la région, je passe inaperçu et me mélange à la population locale, plusieurs personnes pensant même que je suis l’un d’entre eux, m’adressant la parole dans la langue locale dont je ne comprends pas un mot.

Ci-dessous, une photo prise avec mon habit traditionnel :

Au revoir mon garde du corps et bonjour l’Afghanistan, pays le plus pauvre d’Asie mais pays surtout le plus volatile au monde. 30 ans de guerres et de gouvernements désastreux ont laissé ce pays en ruine. En 2001, et suite aux attentats du 11 septembre, une force internationale composée de quelques 27.000 soldats Américains et 20.000 soldats d’autres nationalités (Français, Espagnols, Canadiens, Allemands, etc.) ont envahi le pays et écarté les talibans du pouvoir. Cette intervention militaire, couplée avec l’arrivée de nombreuses ONG internationales, ont permis un rétablissement de certains droits fondamentaux des locaux, parmi lesquels le droit à l’éducation et au travail des femmes. Ces 6 dernières années ont vu un certain nombre d’améliorations dans ce pays, notamment au niveau des infrastructures, de l’éducation, mais la situation reste très critique, notamment en termes de sécurité ; le chemin à parcourir reste très long et sans aucun doute semé d’embuches. Dans une prochaine brève que j’écrirai dans les prochains jours, je vous ferai part de mes impressions sur place et vous enverrai davantage de photos de ce pays pas comme les autres.

Bienvenue en Afghanistan

Ci-dessous, un panneau à la frontière Afghane montrant que la capitale se situe à 224 kms et que la ville très dangereuse de Kandahar, contrôlée en partie par les talibans (dans laquelle je ne me rendrai pas) se situe à 684 Kms.

Ci-dessous, une photo d’un village typique Afghan, nous en avons traversé un certain nombre :

Après 5 heures de route sur des routes toutes neuves et après avoir apprécié quelques uns des jolis paysages Afghans (voir photo ci-dessous), j’arrive à Kaboul sans difficulté. Fort heureusement, cette route ne fut bloquée par aucun groupe rebelle et j’ai donc pu rejoindre la maison de mes hôtes sain et sauf, juste avant la tombée du jour.

Photo ci-dessous de la route toute neuve reliant la frontière Afghane à Kaboul :

Photo d’un joli lac rencontré sur la route :

Photo d’un paysage typique Afghan avec un char soviétique. Il est très fréquent de voir ce genre de chars délaissés au bord des routes Afghanes.

Photo de l’endroit où je loge à Kaboul avec plusieurs membres d’une ONG Française.

A très bientôt

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