Comme tous les pays traversés jusqu’à maintenant, l’Inde ne m’a pas laissé indifférent. Cela fait maintenant quasiment 5 mois que je suis dans le sous-continent et je tiens à vous faire part de mes impressions. Comme d’habitude, certaines choses m’ont plu, d’autres moins, voici ci-dessous ce que j’ai aimé et ce qui m’a déplu au pays de Gandhi.
J’ai aimé
1) Multiculturalisme
Avant de me rendre dans ce pays, l’Inde était pour moi un seul et même pays. Je connaissais les fondamentaux de cette civilisation bien sûr mais j’étais loin de m’imaginer l’incroyable diversité culturelle qu’offrait le sous-continent. Parcourez 200 kms et la langue parlée sera différente (plus de 55 langues et 300 dialectes), les croyances religieuses seront distinctes, les spécialités culinaires ne seront pas les mêmes, etc. Du Rajasthan au Tamil Nadu en passant par le Gujarat ou le Karnataka, j’ai été impressionné de voir la diversité de la culture Indienne.
2) “Glocalisation”
L’Inde est aujourd’hui au cœur d’une transformation majeure. Avec quasiment 10% de croissance par an, le pays se développe à grande vitesse.
L’un des grands défis du 21ème siècle est pour de nombreux pays d’arriver à prendre part à l’incontournable mondialisation mais sans perdre pour autant ce qui fait la culture et l’identité locale. Comment se moderniser sans trop s’occidentaliser est une question fréquemment posée aux 4 coins de la planète.
L’Inde est un excellent exemple de glocalisation plutôt réussie et cela m’a beaucoup plu. Malgré l’importante influence étrangère que ce soit via les anciennes colonisations (Moghuls, Britanniques) ou via le développement des médias à l’échelle internationale, les femmes Indiennes continuent de se vêtir avec leur sari, les importantes valeurs familiales traditionnelles subsistent, les Indiens continuent d’écouter leur musique ou d’aller voir les films de Bollywood plutôt qu’Hollywood, etc. Cela dit, il ne faut pas s’y méprendre, la jeune génération Indienne est tout de même bien plus tournée vers le mode de vie occidental et le fossé avec leurs aînés est tout de même très important.
3) Spiritualité – Philosophie de vie
L’Hindouisme, à l’image du Bouddhisme, est basé sur la tolérance et la non-violence. Je ne vous cacherai pas que j’étais (et suis toujours) assez ignorant sur la religion Hindouiste (polythéiste) mais ses fondamentaux semblent permettre au peuple de vivre en paix, une chose pas évidente quand on sait que le pays compte une population de plus d’un milliard d’individus dont une grande majorité a une éducation des plus limitées.
L’autre chose qui m’a plu est de voir que, malgré quelques frictions ici et là, le monde Hindouiste et le monde Musulman (2ème communauté musulmane au monde derrière l’Indonésie, plus de 150 millions de pratiquants) vivent en paix. Cela est une chose importante quand on sait qu’il y a dans le monde aujourd’hui une trentaine de conflits musulmans/non musulmans. Les différences entre ces 2 religions sont certes importantes mais il est plaisant de voir une acceptation mutuelle et un terrorisme relativement peu élevé (aucun Indien par exemple ne faisait partie des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis).
En règle générale, j’ai trouvé les Indiens plutôt détendus, rarement râleurs, très adaptables à toutes sortes de situations et prenant la vie du bon côté.
4) Gandhi
Après plusieurs mois passés en Chine où Mao Zedong, ancien dictateur sanguinaire, figurait sur tous les billets de banque, sur les posters de nombreux locaux et les statues des centre-villes, je ne vous cacherai pas que j’étais très content d’arriver en Inde et de voir Gandhi remplacer Mao comme idole locale.
Durant mon séjour en Inde, j’ai visité plusieurs musées et endroits importants de la vie de cet homme fantastique et admiré de tous (ou quasiment tous). Son message “Be the change you want to see in the world” est sans aucun doute l’une de mes citations préférées et constitue un message que j’aime faire passer autant que possible dans mes conférences.
Ci-dessous, quelques photos prises dans des musées rappelant les messages et l’œuvre de celui qui a permis à l’Inde d’obtenir l’indépendance en 1947.
5) Couleurs
Attention les yeux ! L’Inde est un pays plein de couleurs. Des superbes couleurs des Saris portées par les ravissantes femmes Indiennes aux couleurs des épices sur les marchés de Bombay, Bangalore ou Calcutta, en passant par les tissus vendus par les tailleurs, l’Inde m’a enthousiasmé par ses couleurs. J’ai bien peur dorénavant de trouver l’Europe quelque peu terne après avoir vu ce pays…
6) Accueil
Durant mon séjour Indien, j’ai principalement été logé par des locaux. Ces locaux, je les ai rencontrés soit via les formidables sites internet www.hospitalityclub.org et www.couchsurfing.com, soit par des réseaux de connaissance. A plusieurs reprises, l’accueil réservé fut absolument incroyable. “Les visiteurs, surtout étrangers, sont des Dieux pour nous et il nous paraît important de les traiter comme tels” m’expliquait mon hôte dans la ville de Surat dans le Gujarat. Ainsi, celui-ci, et d’autres par la suite, donnaient sans cesse de le meilleur d’eux-mêmes afin de s’assurer que mon séjour était des plus agréables.
Ci-dessous, quelques photos d’une cérémonie d’accueil où quelques prières et rituels furent récités en mon honneur et un portrait de Gandhi me fut offert.
Par ailleurs, à l’image de la Chine, j’ai été impressionné par la volonté des locaux de toujours inviter et de refuser systématiquement que je paye quoi que ce soit. Cela fut parfois un peu gênant mais je n’ai quasiment jamais réussi à payer.
7) Niveau d’Anglais de la population
Quel plaisir de pouvoir à nouveau communiquer dans les rues d’un pays Asiatique. Après plus d’un an passé dans des pays où la grande majorité des gens rencontrés ne pouvaient s’exprimer dans aucune des langues que je connais, voilà un changement qui est le bienvenu. En Inde, plus de 350 millions de personnes sont considérées comme anglophones. Cela est certes moins que la moitié de la population totale (les chauffeurs de camion ne parlaient souvent pas un mot d’Anglais) mais c’est suffisant pour se faire régulièrement comprendre même dans des endroits reculés.
L’accent fut parfois un défi de taille pour la compréhension mais je fus en règle général très impressionné par le niveau d’Anglais de la population “éduquée” Indienne.
8) Volonté d’aller de l’avant
La pauvreté existe à différents niveaux dans le monde. La population Indienne représente à elle seule une bonne fraction de la population mondiale vivant avec moins de 2 USD par jour. Cependant, à l’inverse de l’Afrique, j’ai senti dans ce pays une dynamique positive, une vraie volonté d’aller de l’avant. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, les blocages restent nombreux et le manque d’éducation est toujours plus que visible à chaque coin de rue. Cependant, j’ai senti en Inde une volonté de travailler dur que ce soit chez les plus déshérités ou chez les jeunes ayant étudié.
Cette volonté d’aller de l’avant commence petit à petit à porter ses fruits et a toutes les chances de permettre à l’Inde d’avoir des jours meilleurs. “Nous serons très bientôt une super puissance” aimaient me répéter certains Indiens. Cependant, pour cela, il faudra bien s’assurer que toutes les classes puissent profiter de la croissance économique actuelle et bien sûr que de nombreuses infrastructures soient améliorées.
9) Responsabilité collective
Là aussi, le chemin à parcourir est encore très long mais j’ai été heureux pendant mon séjour de me rendre compte que la population “éduquée” semble petit à petit prendre conscience de l’importance à aider les plus défavorisés. Les clubs de services comme le Rotary club ou le Lion’s club se multiplient dans les villes Indiennes (à l’inverse de la Chine), certaines entreprises fondent ou financent avec leurs profits leurs propres ONGs (j’en ai rencontré 2), le volontariat et les ONGs offrant une meilleure éducation, notamment aux enfants, deviennent de plus en plus nombreuses et efficaces, etc. De nombreuses sources de satisfaction…
Ci-dessous, un exemple de solidarité parmi d’autres. Une journée organisée par le Lion’s club de Bombay où plusieurs médecins spécialisés professionnels donnent régulièrement une journée sans se faire payer pour aller s’occuper de la santé des enfants des ouvriers en bâtiment (les ouvriers vivent en général dans des abris de fortune au bas des constructions).
10) Bollywood/Musique
Le cinéma et la musique Indienne ont leur style propre que je trouve très sympa à regarder et écouter de temps en temps.
Je pourrais rajouter à cette liste la nourriture (mention spéciale au cheese naan, au chicken tikka masala et Thali), l’excellent “chai” (thé avec du lait) ou encore le lassi, sorte de milk-shake à l’indienne.
Je n’ai pas aimé
1) Saleté
Aucune hésitation pour la première chose que je n’aime pas : la saleté. Ce pays est sans doute le plus sale au monde (en concurrence probablement avec l’Indonésie selon ma perception et mon expérience personnelle). Si je me laissais aller, je dirais que ce pays ressemble souvent davantage à un dépotoir qu’à un lieu de vie.
Si l’hygiène personnelle ou l’hygiène dans les maisons est plutôt bonne, le respect pour la nature est absolument INEXISTANT.
Dans les camions, combien de fois ai-je assisté aux chauffeurs jetant leurs bouteilles vides par la fenêtre sans se soucier une seconde des conséquences de leur geste ? Combien de fois ces mêmes chauffeurs m’ont-ils reproché de ne pas faire la même chose ?
Que ce soit les chauffeurs de camion, de voitures ou une immense majorité de la population, les Indiens ont une fâcheuse tendance à n’avoir aucun respect pour l’environnement et de n’en avoir rien à faire que leurs rues ou rivières soient polluées à des niveaux absolument incroyables. J’ai détesté cela au point d’avoir des discussions pour le moins musclées avec plusieurs locaux.
A signaler que le fait que le gouvernement ne mette pas de poubelles dans les rues et n’éduque pas sa population sur ce sujet n’aide en rien à la sauvegarde de notre planète. De plus, j’ai moi-même surpris des policiers jetant leurs déchets par terre…Incroyable !!!
2) Individualisme
Avec plus d’un milliard d’habitants, l’Inde est une société des plus concurrentielles. Cette concurrence de chaque instant entre chaque Indien se traduit malheureusement très souvent par un manque de respect collectif. Vous voulez un ticket de métro ? Attendez-vous à vous faire balancer de tous les côtés avec une file d’attente qui ne sera jamais respectée. Vous voulez tourner à gauche avec votre voiture ? Préparez vous à vous imposer car personne ne vous laissera passer si vous attendez une faveur.
Le manque de respect des uns envers les autres est quelque chose qui m’a beaucoup choqué en Inde. Certes, je veux bien comprendre que les mots “merci” ou “s’il vous plaît” ne sont que peu utilisés dans la langue locale et qu’être poli n’est tout simplement pas dans la culture mais j’ai beaucoup plus de mal à comprendre pourquoi tant de gens parlent au téléphone (fort qui plus est) dans les cinémas, ne respectent jamais ceux qui dorment dans les dortoirs (allument la lumière, parlent fort…), ne cessent de “s’engueuler” les uns les autres, etc. Bref, pas tous les jours facile de vivre en Inde pour un occidental attaché à certaines valeurs pour une bonne vie en communauté.
3) Inde, école de patience
Rien n’est facile en Inde et tout prend du temps. Que vous souhaitiez simplement obtenir l’addition d’un repas ou que vous souhaitiez obtenir un papier quelconque de l’administration, mieux vaut vous armer de patience. Par ailleurs, si vous souhaitez passer un coup de téléphone dans la rue ou utiliser Internet, ne soyez pas surpris si la réponse donnée est “désolé, ça ne marche pas aujourd’hui“.
4) Système de caste
Malgré le développement actuel, l’ouverture sur le monde et l’évolution des mentalités en Inde, la hiérarchisation de la société sous forme de castes existe toujours belle et bien. Certes, de nombreux Indiens aiment dire que ce découpage de la société en groupes sociaux homogènes – associés aux inégalités de richesses, de pouvoir, de prestige et de savoir- n’est plus aussi important qu’il l’a été, il n’en demeure néanmoins qu’il est toujours omniprésent dans la société Indienne.
Mon premier contact avec le mot “caste” en Inde fut en fait à l’ambassade d’Inde à Katmandou, au Népal, où j’ai fait mon visa d’entrée. Sur un panneau destiné aux Indiens, je pouvais lire les pièces demandées à la réalisation de divers documents. Parmi ceux-là figurait un “caste certificate”. Je n’étais pas encore en Inde que déjà j’étais surpris par l’existence d’un tel document.
En théorie, cette stratification de la société interdit la mobilité sociale. Certains sont nés pour faire certaines tâches et aucune possibilité de progression sociale n’existe. Dans la pratique, cela est progressivement en train de changer mais il faudra de nombreuses années avant d’en terminer avec un tel système, ne donnant aux plus faibles que très peu de chance d’améliorer leur quotidien.
Pendant mon séjour, j’ai fréquemment ressenti l’existence du système de castes. Que ce soit via le jardinier qui refusait d’utiliser le balai d’une “intouchable” (caste la plus basse), via ce jeune homme dans le Rajasthan en conflit avec ses parents car il a décidé d’ouvrir une petite ONG destinée à aider des jeunes filles intouchables (et d’en faire venir quelques unes sous le toit de la famille privilégiée !!!) ou simplement via des histoires racontées ici et là…
Malheureusement, les personnes les plus à même d’expliquer le mauvais traitement infligé aux plus faibles ne parlent pas Anglais et il m’était donc difficile d’avoir la moindre conversation avec eux. Ci-dessous, vous pourrez voir un petit documentaire trouvé sur You tube traitant des “Dalits” (intouchables).
5) Arnaques
Ils ont beau vous appeler “my friend” ou même “brother”, ils vous regarderont souvent comme un gros DOLLAR et chercheront très souvent avant tout à tirer un maximum de sous de votre présence. Ils ? Ce sont les nombreux Indiens qui vous tournent autour comme des vautours dans les coins touristiques du pays. Certes, cela n’est pas uniquement Indien mais cela fut encore plus fatiguant ici qu’ailleurs !!! Bien entendu, chacun doit vivre et nourrir la famille et cela constitue sans doute un défi de taille quand il y a plus d’un milliard de compatriotes mais je n’ai pas aimé cette volonté d’arnaquer l’autre, bien trop présente à mon goût.
6) Corruption
Une fois de plus, ma position d’auto-stoppeur m’a permis de voir la réalité du pays et d’assister à de nombreuses reprises à des situations de corruption entre chauffeurs et policiers. Cela est, bien entendu, très problématique pour le pays.
7) Peu de folie
Pas, ou quasiment pas, de clubs de danse ou même de lieux de rencontre (à part la rue et les habitations de chacun), des célébrations presque uniquement religieuses, etc. J’ai trouvé que la société Indienne manque quelque peu de folie, de possibilité de sortir de son carcan. Bien entendu, cela relève de la culture et je ne critiquerai aucunement. Cependant, goût personnel, je préfère les sociétés où les gens font davantage la fête, comme en Amérique Latine par exemple…
8) Les villes Indiennes
Je n’ai personnellement jamais été un grand adepte des villes immenses, qu’elles soient dans le monde occidental ou ailleurs. Les villes Indiennes, quant à elles, ont tendance à être non seulement immenses mais aussi sales, pleines de poussière, avec des odeurs d’urine à chaque coin de rue, polluées, trop peuplées, sans règle de circulation et sans véritable organisation, moches (rares sont les jolis monuments), peu entretenues et surtout, le plus fatiguant, avec des conducteurs passant leur temps à klaxonner. Ajoutez à cela, une température régulièrement au-delà des 45 degrés et vous comprendrez que ce ne sont pas les villes Indiennes qui me feront aimer l’Inde…Heureusement que dans chacune d’entre elles j’ai rencontré des gens adorables…
Au niveau des monuments dans les villes, quelques uns font cependant exception à la règle. Parmi ceux-ci, le très touristique mais absolument superbe Taj-Mahal. Photo ci-dessous :
9) Niveau général d’éducation
Bien entendu, cela ne peut laisser personne insensible. Si une vraie classe moyenne de quelques 350 millions de personnes est en train de voir le jour, la grande majorité de la population a un niveau d’éducation très faible. Cette population a cependant davantage d’esprit critique et moins de lavage de cerveau qu’en Chine, ce qui est une bonne chose.
10) La religion-business
Dans les plus beaux temples Hindouistes aujourd’hui, le visiteur étranger est à mon goût trop souvent considéré davantage pour son portefeuille que pour sa volonté d’apprendre. Le nombre important de “prêtres” cherchant à obtenir des dons toujours plus importants m’a un peu déçu.
A bientôt
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