Béatrice, 84 ans, grand-mère de Daniela, amie Equatorienne me logeant dans la ville d’Ambato (300.000 habitants située au centre de l’Equateur) raconte « Je me souviens très bien, c’était le 5 août 1949, j’allais avoir 30 ans, il était 14 heures, j’étais dans la cuisine avec ma maman et tout d’un coup, les verres sur l’étagère commencèrent à trembler et à faire du bruit, puis sont tombés les uns après les autres…encore un petit tremblement de terre je me dis à ce moment, nous en avons régulièrement. La secousse s’intensifie d’un coup, toutes les bouteilles tombent par terre et la maison menace de s’écrouler, je sors rapidement avec ma maman juste à temps, la maison s’effondre juste derrière nous, quelle chance mais quelle tristesse de voir l’œuvre de la vie de mes parents disparaître comme un château de cartes, l’image restera gravée à vie dans ma mémoire. Autour de nous, les pavés se retournent et de nombreux voisins crient, pleurent et appellent au secours « mon fils est bloqué dans sa chambre, j’ai besoin d’aide s’il vous plaît, où sont les pompiers ? » me dit Mme Crespo ma voisine d’en face complètement paniquée ». Les pompiers ? Ils sont bel et bien au travail mais complètement dépassés par les évènements, la ville d’Ambato assiste en ce 5 août 1949 au pire tremblement de terre de son histoire atteignant 7,4 sur l’échelle de Richter ravageant toute la ville et faisant plus de 6.000 morts. « Chacun de nous Ambateños (habitants d’Ambato) a perdu au moins un ami, une connaissance ou un membre de sa famille, c’était horrible » se rappelle Béatrice, la larme à l’œil, les mains jointes et les yeux tournés vers le ciel. « Je n’oublierai jamais ce moment. Le lendemain, une grande messe fut organisée dans le parc en face de notre belle cathédrale réduite a un tas de pierres, tout le monde pleurait et se prenait dans les bras en disant « mon fils est mort, mon meilleur ami n’a pas été retrouvé… », bien sûr aucune communication téléphonique n’était possible, chacun cherchait à savoir qui avait disparu, un moment bien triste… Les années qui suivirent furent consacrées à la reconstruction mais le moral dans la ville n’était pas des meilleurs, la ville décida alors en 1951 soit 2 ans après le tremblement de terre d’organiser un carnaval pour redonner le sourire…et ça a marché. Pendant 3 jours, toute la ville a fait la fête et n’a pensé qu’à s’amuser, ça faisait plaisir de revoir des sourires. Depuis ce moment, Ambato est devenu la ville de référence en Equateur pour faire le carnaval, tout le pays vient maintenant ici et s’amuse pendant 3 jours non-stop. Une grande messe de souvenirs aux décédes de ce jour noir de 1949 est tout de même organisée le dimanche matin ».
Loin d’avoir pu connaître le tremblement de 1949, j’ai tout de même pu assister au carnaval d’Ambato qui, même s’il n’arrivera jamais au niveau de ses voisins Brésiliens car la culture est bien différente entre ces 2 pays, fut très réussi et la fête est effectivement totale pendant 3 jours.
2 grands défilés sont organisés lors desquels chaque grande ville Equatorienne ou petite ville voire communauté des alentours montre ce qu’elle a de meilleur : De la reine toujours souriante aux spécialités culinaires distribuées au public en passant bien sûr par de belles danses, de beaux costumes et de jolis chariots décorés avec des fruits et des fleurs. Ce dernier point est important car Ambato se veut être « le jardin de l’Equateur » avec son carnaval appelé « Fiesta de la fruta y de las flores ».Quelques photos pour illustrer :
La cathédrale superbement décorée entièrement en fruits et fleurs :
Quelques photos du défilé dans les rues d’Ambato :
Une des grandes traditions est la corrida qui se tient durant 3 jours et lors de laquelle sont présents les toreros les plus fameux du monde.
Dans les autres villes Equatoriennes, le carnaval est aussi célèbre mais dans une ampleur bien moindre que celle d’Ambato. Une des traditions Equatoriennes de l’avant carnaval est de balancer toute sorte de liquide sur les passants et pas de pitié pour les étrangers. Ainsi, à plusieurs reprises durant mon passage dans la ville de Loja ou Cuenca (au sud de l’Equateur), j’ai pu faire les frais de cette tradition en me retrouvant complètement trempé…mieux vaut être au courant de l’existence de la tradition…J’ai tout de même eu de la chance car c’est avec de l’eau que je fus arrosé et non autre chose car les œufs, jus de toutes sortes ou tomates sont également balancés régulièrement. Cette tradition verra peut-être bientôt la fin car la police peu enclins à ce genre de pratique promet 7 jours de prison et une amende allant de 14 a 24 dollars US a quiconque pris en flagrant délit d’envoi de liquide à une personne non consentante…Les jeunes Equatoriens doivent donc maintenant bien se tenir…et ce n’est pas Béatrice, peu adepte de ces jeux parfois violents, qui ira s’en plaindre…
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