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Newsletter #25 : Tsunami Aceh, 20 mois plus tard

Le cargo à 5kms dans les terres montre la force du Tsunami
Bonjour tout le monde,
 
Lors de ma dernière newsletter, je vous avais fait un petit résumé de mon séjour en Indonésie. Aujourd’hui, après 3 semaines passées dans la région d’Aceh au Nord de l’île de Sumatra, je vous propose un point sur la situation sur place 20 mois après le tragique Tsunami ayant touché la région.
 
Tout le monde s’en souvient. C’était le 26 décembre 2004, il était 7.59am heure locale lorsqu’un tremblement de terre d’une magnitude de 9.0 sur l’échelle de Richter, 2ème plus puissant des cent dernières années, secouait l’île de Sumatra au nord de l’Indonésie et provoquait de nombreux dégâts. Quelques 15 minutes plus tard, alors que la population des villes et villages touchés par le tremblement de terre était dans la rue, 2 vagues gigantesques venaient s’abattre sur toutes les côtes du Nord-Ouest de Sumatra, puis sur les côtes de 14 autres pays de l’Asie du Sud-Est et du Nord-Est de l’Afrique. Il en résultera la plus grande catastrophe naturelle jamais enregistrée avec un nombre de victimes et de disparus allant au final bien au delà des 400.000 dont plus des 2/3 dans la région d’Aceh, lieu où je me trouvais jusqu’à il y a quelques jours.
 
Photos ci-dessous de Banda Aceh, la capitale fortement touchée de la région d’Aceh 3 jours après le Tsunami. Photos prises par diverses personnes rencontrées en Indonésie.
 
 
Chacun d’entre nous a gardé en tête des images de cette tragédie. Personellement, je garderai en tête la “une” de l’excellent hebdomadaire Français “Courrier International” :une petite fille Indienne qui avait tout perdu et ses yeux demandant “Que dois-je faire maintenant ?
 
 
Ci-dessous, une carte trouvée sur Internet montrant l’épicentre du séïsme et les zones les plus touchées par le Tsunami.
 

Tsunami Aceh, 20 mois plus tard

Afin de me faire une meilleure idée de l’étendue des dégâts et de donner un modeste coup de main, j’ai décidé de me rendre sur place pendant 3 semaines. Je vous propose ci-dessous un petit aperçu de la situation sur place 20 mois plus tard…
 
Par où commencer ?”…C’est sans doute la première question que les nombreuses ONG internationales venues en masse apporter leur soutien aux populations locales ont dû se poser devant l’étendue du désastre. Tout comme la majorité d’entre vous, c’est à la télévision que j’avais suivi cette catastrophe. Je croyais m’être fait une bonne idée de l’échelle des destructions, j’étais en fait bien en-dessous de la vérité. Voir de mes propres yeux les paysages dévastés, même 20 mois après, fut un grand choc. 5 exemples m’ont particulièrement marqué :
 
1) Cargo
Cet immense bateau devant peser plusieurs centaines de tonnes, jadis au port de Banda Aceh, est aujourd’hui au beau milieu de nouvelles habitations à plus de 5 kms dans les terres. Comment cela est-ce possible ? Je me pose encore la question mais que la vague dût être puissante pour lui permettre d’arriver jusque là !!!
 
2) Centre-ville
 
Le Centre ville de Banda Aceh, situé à quelques 3 kms de la mer, a aujourd’hui retrouvé une âme et les locaux tentent tant bien que mal de refaire leur vie malgré la disparition de nombreux proches et de leurs habitations. Si l’on en croit tous les locaux avec qui j’ai discuté, la vague destructrice était plus haute que tous les commerces lorsqu’elle a ravagé des milliers de personnes. Ci-dessous une photo prise dans le centre-ville de Banda Aceh sous la pluie afin de montrer la taille de la vague lorsqu’elle a atteint la zone la plus fréquentée de la ville.
 
3) Obélisque
 
Le repère utilisé par la majorité des habitants afin de se faire une idée de la taille de la vague destructrice est un obélisque qui a résisté à la pression de l’eau (ne me demandez pas comment). Le problème est que personne n’est d’accord pour dire si la vague faisait environ 1 fois sa taille, 2 fois ou même 3 fois…Ci-dessous la photo de cet obélisque. Je me suis mis à côté pour donner un repère.
 
4) Villages sur la côte
 
Lors de mon séjour dans la région d’Aceh, je me suis rendu dans la ville petite ville de Calang, située sur la côte Ouest au Sud de Banda Aceh. Le trajet depuis Banda Aceh est de nouveau possible et il faut aujourd’hui 5 à 6 heures pour aller d’une ville à l’autre. Sur le chemin, j’ai pu voir les nombreux villages qui ont souvent perdu 100% de leurs habitations et souvent au-delà de 80% de leur population. Les conséquences ne furent pas seulement matérielles et humaines, elles furent également culturelles : 6 langages ont disparu ainsi que de nombreuses traditions et légendes…Ci-dessous, une photo d’un de ces villages qui se reconstruit petit à petit. Pas toujours évident quand une grande majorité de la population d’origine a disparu…
 
5) Routes
 
Autre chose impressionnante : les routes avalées par la mer. Dans certains endroits, la mer a repris quelques 200 mètres sur la côte. Il n’est pas rare de voir des routes ayant disparu sous les eaux…
 

Aide Internationale

Cette tragédie entraîna un élan de générosité jamais vu auparavant avec des dons de plusieurs milliards de dollars US venus du monde entier. J’étais pour ma part dans plusieurs Rotary clubs aux Etats-Unis peu après le Tsunami et fus impressionné par les sommes données par la population Américaine. Ces dons ont permis la venue de nombreuses ONGs (Care International, Croix-Rouge, Merlin, World vision, UNDP et de nombreuses autres plus petites) et 20 mois plus tard, il ne fait aucun doute que cet argent a énormément aidé. Les écoles sont aujourd’hui quasiment toutes reconstruites, les enfants sont heureux de pouvoir poursuivre leurs études, de nombreux orphelinats ont vu le jour et les maisons se construisent par milliers aux 4 coins de la région. Quelques photos ci-dessous pour confirmer.
 
 
Si l’aide apportée par les ONGs est incontestable, elle n’est cependant pas sans avoir apporté son lot de situations de confusion. Un manque de communication entre ONGs et locaux mais aussi entre ONGs elles-mêmes est souvent reproché. “Les occidentaux travaillant dans les ONGs ne parlent souvent pas un mot d’Indonésien, ils font ce que eux pensent bon mais ne se préoccupent pas assez de notre culture et n’intéragissent pas suffisament avec les locaux. Bien plus de communication est nécessaire. De plus, ils sont trop payés. Beaucoup de locaux ont l’impression que l’argent donné par la communauté internationale sert avant tout à payer les employés occidentaux des ONGs” ai-je entendu de la part de locaux à plusieurs reprises…
 
Sur le terrain, le manque de communication entre ONG est rapidement perceptible. Un exemple concret. Ci-dessous, vous verrez la photo de 2 becak (moto-taxi local) appartenant à 2 locaux ayant perdu leur instrument de travail à cause du Tsunami. L’un fut donné gratuitement par une ONG Allemande, l’autre est “loué” par l’UNDP et doit être remboursé en 5 ans avec un système de micro-crédit. L’homme à gauche sur la photo devra rembourser plus de 1500 dollars (somme très importante pour lui) quand l’autre homme à droite, ayant vécu une situation absolument similaire, n’aura rien à payer en retour. Ce genre de situations provoque jalousie et sentiment d’injustice. Le même type de problème se pose pour les maisons et bien d’autres choses.
 

Groupes héroïques

Parmi les groupes et ONGs que j’ai rencontrés, j’ai particulièrement été impressionné par des groupes de jeunes ayant été héroïques lors du grand nettoyage ayant suivi le Tsunami mais aussi par la suite en aidant de nombreux enfants de différentes manières. Ci-dessous, une photo du groupe KANOE. Leur belle histoire en cliquant sur le lien suivant : www.sekoyamag.com/nouveausite/SPIP/breve.php3?id_breve=404
 

Effets positifs

Aussi bizarre et terrible que cela puisse paraître, le Tsunami du 26 décembre 2004 a également eu de grands effets positifs pour la région d’Aceh. Outre l’ouverture de la région sur le monde, le plus important des effets positifs est sans aucun doute le traité de paix signé peu après le désastre naturel entre rebelles souhaitant l’indépendance de la région et le gouvernement Indonésien. Cette région qui ne pouvait se visiter dans le temps sans de nombreuses autorisations et qui était très dangereuse, est aujourd’hui ouverte et bien plus calme. J’ai pour ma part rencontré certains ex-rebelles dans la région de Calang, tous furent unanimes “Nous ne retournerons plus au combat“…Pourvu que ça dure…
 
Contribution personnelle
 
A la question posée à un directeur d’une ONG “Que puis-je faire pour vous aider ?”, la réponse donnée fut “la meilleure façon de nous aider Ludovic, est d’aller rendre visite à plusieurs écoles des environs, leur faire une présentation de votre aventure et permettre aux jeunes locaux d’interagir avec un jeune étranger. Nous aider dans nos activités demande un engagement de plusieurs mois minimum“. Comprenant parfaitement le point de vue de ce Monsieur et prenant toujours beaucoup de plaisir dans le partage de mon aventure, je me suis donc rendu d’une école à une autre à la rencontre de la jeunesse dans plusieurs écoles et universités de la région comme je l’avais fait à de nombreuses reprises à travers le reste de l’Indonésie. Le dialogue sur les relations entre le monde musulman et le monde occidental fut particulièrement intéressant.
Plus de détails sur les conférences en cliquant sur le lien suivant : http://www.sekoyamag.com/nouveausite/SPIP/breve.php3?id_breve=405
 
Quelques photos ci-dessous.
 
 
 
Je suis aujourd’hui à Kuala Lumpur en Malaisie et vais bientôt partir vers la Thailande et le Cambodge.
 
A bientôt
Ludo

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